Randonnée mythique du Tour du Mont-Blanc en 9 jours

Le sentier de randonnée du Tour du Mont-Blanc est un GR mythique : 170km, 10 000 mètres de dénivelé… c’est avec un autre aventurier, Capitaine Rémi, que j’ai tenté ce périple en 9 jours.

Vous connaissez Capitaine Rémi, cet aventurier hors pair aux mille et une vies ? J’ai personnellement toujours rêvé de voyager à ses côtés.  C’est alors qu’un beau matin d’avril, Il m’appelle pour me proposer une aventure en duo… Voyageur solitaire, j’étais à la fois super enthousiaste et perplexe. Mais le voyageur et l’aventurier sont comme tout le monde, effrayés par l’inconnu. Mais cultivant la sérendipité, j’ai accepté de relever ce défi avec moi-même et avec lui. 

Nous cultivions tous les deux ce rêve des hauts sommets, et notamment celui du tour du plus haut sommet d’Europe, le Mont-Blanc, une épopée de 170 km, avec 10 000 mètres de dénivelé, environ 60 heures de marche et la traversée de 3 pays : La France, l’Italie et la Suisse. Aventuriers dans l’âme, nous n’avons pas franchement hésité, et nous nous sommes lancés la fleur au fusil. 

Nous souhaitions surtout vivre une aventure en commun, un expérience entre deux passionnés.C’est grâce à l’agence Grand Angle que nous avons pu nous lancer dans cette belle aventure du tour du Mont Blanc. Ils se sont occupés de notre hébergement et transportait même nos gros bagages, ce qui nous a permis de voyager avec le strict nécessaire, et surtout notre matériel vidéo.

Étapes : 

  • Jour 1 : Les houches (hotel du bois) à – les Contamines (CAF des Contamines)
  • Jour 2 : Contamines – Les Chapieux (auberge / refuge de la Nova)
  • Jour 3 : Chapieux – Refuge Elisabetta (Italie)
  • Jour 4 : Elisabetta – Refuge Elena (là on a pris le bus à Courmayeur, où d’autres voyageurs pourraient s’arrêter, et on s’est rapproché du refuge d’Elena)
  • Jour 5 : Refuge Elena – La Fouly (Hotel Edelweiss – en Suisse)
  • Jour 6 : La Fouly – Champex (refuge d’arpette)
  • Jour 7 : Champex – Col de la Forclaz (hotel col de la forclaz)
  • Jour 8 : Col de la Forclaz – Lac Blanc (bivouac)
  • Jour 9 : Lac Blanc – Les Houches

Au départ des Houches, nous sommes arrivés à l’hôtel 3*** du Bois, où nous avons pu profiter de la piscine. Grand Angle avait tout préparé pour faciliter notre voyage : toutes les cartes et les topo guides avait été soigneusement déposés sur nos lits. 

Nous prîmes la route vers le Sud, en direction du col des Voza, nous faisant passer de 980 m l’altitude à 1653 m. Evidemment, il est possible de tricher un peu en prenant un téléphérique, mais là n’était pas notre ambition. Une fois sur le col des Voza, le col de Tricot, autre itinéraire un peu plus complexe et élevé nous faisait un peu de l’oeil. Faibles aventuriers et avides de défis que nous sommes, nous avons flanché. 

La route me donne le temps de penser et de me remémorer d’autres voyages. L’Islande est véritablement une étape marquante de ma vie, de par ses paysages lunaires et cette lumière typiquement scandinave. C’est un paysage presque apocalyptique, ou il y a très peu de végétation et d’animaux. Les seuls d’ailleurs que j’avais pu rencontrer étaient des mouches énormes qui s’agitaient autour de moi. Sur le tour du Mont Blanc, j’en restais bouche bée. Marmottes et bouquetins semblaient nous accompagner. Rémi aussi était transcendé par toute cette vie autour de nous, la caméra toujours entre les mains. À notre gauche, le Mont Blanc nous épiait du haut de ses 4810 mètres d’altitude. C’était une belle claque d’humilité que nous vivions là, et pourtant pas si loin de chez nous. 

Un pont suspendu que l’on traverse lors de la première étape

La descente pour rejoindre notre première étape, les Contamines, était assez rude mais nous étions en forme, alors on s’est mis à courir. C’est d’ailleurs là que j’ai perdu la moitié de mes affaires quand mon sac s’est ouvert en courant. Nous avons descendu durant 2h30, avec 7,5 km de marche et 970 de dénivelé négatif. La dernière parcelle de cette descente était vraiment désagréable car nous descendions lentement sur une route goudronnée où l’on devait retenir notre poids vers l’arrière à chaque pas. C’était douloureux et long… et pas intéressant du tout. En arrivant, nous avons été accueilli par une ville vivante… une fanfare gambadait dans les rues mouvementées de ce village très mignon. Nous avons dormi au CAF des Contamines. 

Les Contamines

Le deuxième jour était tout aussi riche que le premier, nous avons pu voir nos premières bêtes des montagne. Nous sommes passés à côté d’un troupeau de moutons gardé par les fameux Patous, ces chiens de troupeaux dressés pour garder et protéger le troupeau. Il ne vit que pour le protéger et se considère comme un membre à part entière de celui-ci, et il n’est pas rare que des accidents surviennent lorsque des randonneurs se rapprochent un peu trop près.

Nous passons ensuite le col du bonhomme à 2479 mètres d’altitude et descendons vers les Chapieux. Depuis ce col, on avait une vue panoramique sur les environ. C’est assez connu ici car le sentier se sépare en deux. Nous avons suivi le chemin classique car nous devions nous rendre aux Chapieux, mais il était possible de couper par une variante : plus complexe … où se trouve plein de bouquetins et de chamois ! Si nous avions su… nous aurions pris cette variante. De là, on peut voir le Mont Blanc ainsi que les autres pics enneigés des environs et plus loin, on apercevait de petits villages en contrebas vers où nous nous dirigions.

Le col du bonhomme

La troisième étape commence dans un bois presque vierge de tout empreinte humaine, où les paysages étaient à couper le souffle : nous avons serpenté plusieurs kilomètres dans une vallée, en suivant une rivière avant de débuter une rude ascension, vers le col de la Seigne à 2516 m d’altitude, aux abords de la frontière italienne. 

Toujours aucun bouquetin à l’horizon… mais nous avons assisté médusé à un combat de marmottes… on aurait dit de vrais boxeurs. On a sorti nos caméras, et tels des reporters TV, nous les avons filmé en rigolant.

Une marmotte

En pleine pause déjeuner, avec nos sandwichs de compet’, une généreuse averse est venue perturber notre quiétude.

Alors, pour ce qui est du midi, c’était presque toujours le même repas : du saucisson, un morceau de fromage et du pain piqué dans l’auberge de la veille. Parfois on agrémentait d’un fruit et toujours une barre de chocolat que j’avais eu le bon esprit de ramener (Rémi n’était pas venu avec grand chose haha). Ce midi là, j’avais pour la première fois sorti le réchaud … pour faire un café ! Je l’attendais depuis longtemps. Il s’est mis à pleuvoir au moment où l’eau était prête. C’était trop tard. Nous n’avons donc pas traînés, et nous sommes redescendus vers notre première étape italienne : le refuge Elisabetta.

Depuis ce refuge, la vue était imprenable sur les environs. D’une part le glacier de la Lée Blanche, de l’autre le val de Vey situé entre le Mont Blanc et le Monte Berio Blanc culminant à 3252 mètres d’altitude. Là encore, nous prenions une petite dose de modestie face à la grandeur et la majestuosité des montagnes. 

D’une part le glacier de la Lée Blanche, de l’autre le val de Vey situé entre le Mont Blanc et le Monte Berio Blanc culminant à 3252 mètres d’altitude.

Cette nouvelle journée nous faisait un peu peur car nous avions deux étapes à franchir en une seule journée. Mais les somptueux paysages que nous offraient l’Italie nous ont très vite fait oublier notre effroi.

Durant cette longue journée de marche, nous avons beaucoup échangé, Rémi et moi. J’ai appris à réellement le connaître, celui que je ne connaissais  que par le biais du monde virtuel des réseaux sociaux, et nous nous ressemblons énormément. Nous sommes traversés par les mêmes envies et les mêmes angoisses. Tout comme moi, il a décidé de vivre de sa passion et comme moi il se posait les mêmes questions. Cet avenir incertain et risqué que nous avions choisi d’entreprendre me faisait prendre conscience que la passion était plus forte que tout.

Nous étions prêts à vivre pleinement chaque instant en nous contentant de peu. Profiter du ruissellement d’une petite cascade plutôt que des bulles d’un Jacuzzi, du bruissements des feuilles d’un vieux sapin plutôt que du froissement d’un billet de banque. Sentir les cailloux qui déforment les semelles, plutôt que la pédale d’une voiture flambant neuve, tout en tenant fermement nos bâtons de marche plutôt qu’une barre de métro. 

On prend la pause avec mon pote Rémi !

Alors que nos parents avaient décidé de vivre leur vie dans l’unique but de partir d’un point A et d’arriver à un point B plus confortable, nous avions décidé de nous concentrer sur ce qui se trouvait entre ses deux points et de profiter de l’instant, de vivre le présent, ici et maintenant. Car comme le disait Stevenson, écrivain de romans d’aventures du XIXe siècle, “En vérité, je ne voyage pas, moi, pour atteindre un endroit précis, mais pour marcher : simple plaisir de voyager.”

Nous sommes arrivés dans la grande ville de Courmayeur, le Chamonix Italien, vers midi après une descente très sportive, presque verticale. Il nous restait encore 20 km de marche avec du fort dénivelé, ce qui semblait beaucoup trop difficile. Nous souhaitions dormir en tente ce soir et bivouaquer à côté du refuge Elena, malheureusement fermé à cause du Covid. Mais la pluie est revenue de plus belle et nous avons décidé de nous avancer un peu en bus et avons repris la marche sous un orage grandiloquent.

Etape vers le refuge Elena. Là, il faisait encore beau !
Et nous voilà dans le refuge Elena… pas très glamour hein ?

Par chance, des randonneurs désespérés avaient réussi à ouvrir le refuge et à s’abriter dans un petit espace où nous avons passé la nuit à plusieurs. Nous avons dormi collés serrés avec Rémi, sur un petit matelas d’une personne, couverts de moisissures. On peut effectivement dire que ce genre de difficultés resserrent les liens. Le lendemain, nous grimpons jusqu’au Grand Col Ferret, à plus de 2537 mètres l’altitude et enchaînons sur notre troisième pays : la Suisse.

Le côté Suisse
Les paysages changeants de la Suisse

Après une nuit passé dans un hôtel à la Fouly, nous redescendons doucement vers Champex. Les paysages changent alors radicalement et nous passons de montagnes, névés et rochers, à de denses et luxuriantes forêts et petits ruisseaux dont le ruissellement nous apaisent. Nous avons dormi au relais d’Arpette, dans un cadre idyllique avant d’enchaîner sur une des plus belles étapes de notre parcours : l’ascension de la fenêtre d’Arpette. Pourquoi la plus belle ? Car on pouvait voir depuis notre gîte le sommet du col et c’est par là qu’on a traversé ! J’avais l’impression qu’on allait carrément escalader la montagne. Tout autour, ce n’était que gros cailloux. En contrebas, la forêt et des ruisseaux. Le chemin était plus compliqué car très caillouteux mais aucun sentier tracé par l’homme : c’était enfin un sentier sauvage et indomptable.

La veille, le propriétaire du relais nous met pourtant en garde. Avec la pluie, le terrain risque d’être glissant et pour le coup, nous partions presque escalader toute une montagne. Pour se situer, Champex se trouve à 1460 m d’altitude et la fenêtre que nous devions franchir s’élevait à 2671 m d’altitude, nous n’étions pas dans sereins. 

Nous décidons alors de nous lever aux aurores, car nous n’avions toujours pas croisé le moindre bouquetin et le moral flanchait un peu. Ce jour-là, nous n’en croiserons aucun, mais nous lever tôt nous a permis de rendre cette étape encore plus grandiose et c’est seul et en silence que nous avons observé le magnifique spectacle que nous offrait une nature brute et sauvage.

Descendre de la fenêtre ne fut pas une mince affaire, et nous avons bien failli y laisser un de nos genoux. Après une nuit passé au col de la Forclaz, nous remontons à 2191 m d’altitude pour atteindre le col de balme ou nous franchissons notre dernière frontière : le retour en France, sous de fortes bourrasques. Heureusement, cette étape nous permettait de nouveau de se délecter de la vue,  sur notre gauche, du majestueux sommet du Mont Blanc. 

Un véritable lien commençait s’est crée entre Rémi et moi. Les tabous s’étaient envolés, et nous nous laissions aller dans nos conversations au fil des pas. C’était simplement beau de partager ce que m’offrait  la nature avec un ami. C’est là où je comprenais le sens de cette phrase : le bonheur est plus fort lorsqu’il est partagé. Le partager aussi bien avec vous, ma communauté de passionnés, qu’avec Rémi, un autre aventurier.

L’ascension vers notre dernière étape fut une des plus fastidieuses. Le dénivelé positif était très rude, en passant de 1400 mètres d’altitude à 2352 mètres d’altitude. Pour ce soir, nous avions décidé de porter notre tente et de camper au bord du lac blanc. C’était notre dernière chance d’apercevoir un bouquetin.

Arrivés au sommet, nous étions encore une fois interdits.  Le panorama sur le Mont Blanc était imprenable. On pouvait presque toucher son sommet du bout du doigt. Nous ne campons pas autour du lac blanc cette nuit-là, mais un peu plus en contrebas, au bord du lac de Cheserys. Belle idée que de camper autour des lacs, car nous apercevons enfin nos premiers bouquetins. Et c’est en même temps, qu’avec Rémi, nos sourire d’enfants apparaissent sur nos visages et s’étirent jusqu’aux oreilles. Nous ne sentons plus la fatigue, nous laissons tomber nos sacs et nos bâtons et suivons sans ralentir, appareils photos brandis, nos acolytes les bouquetins.

Nous assistons même avec joie à un combat de bouquetins. Je n’avais même plus peur, j’ai attendu patiemment et un des bouquetins est passé si proche de moi que je pouvais presque l’effleurer du bout de ma main.J’ai passé une nuit incroyable, perché à plusieurs milliers de mètres d’altitude au bord de ce lac silencieux, en observant la lumière de la lune se reflétant sur le sommet du Mont Blanc.

Lac de Cheserys
Voilà où on bivouac !

Le lendemain, c’est dans nos pensées que nous sommes redescendus vers les Houches. C’était déjà la fin de notre aventure, mais le début d’une autre, une nouvelle amitié avec Rémi. Car c’est ce genre d’expérience que l’on ne vit qu’une seule fois dans une vie qui peuvent rapprocher deux êtres. Moi qui suis parti avec des aprioris, j’en ressors grandi et riche de vivre ma passion avec un autre amoureux de l’aventure, mais aussi riche de pouvoir partager ce que j’aime par-dessus tout avec quelqu’un qui me comprend.

Et c’est d’ailleurs ça qui me pousse sans relâche à partager mes aventures avec toi, cher passionné d’aventure. C’est grâce à toi que je continue à suivre ma passion. Car seul, un être humain ne pourrait avancer. Tu me donnes la force de continuer, de dépasser mes limites car je sais qu’en fin de compte, tu seras toujours là, à mes côté, pour partager avec moi cette même passion de l’aventure, de la marche, de la nature. Aujourd’hui, on l’a remarqué notamment avec cette épisode de confinement, que nous pouvions continuer à vivre socialement sans forcément être physiquement ensemble.

Donc merci à toi d’être là. Merci Rémi. Merci Grand Angle. En tout cas, une chose est sûre, ce n’est pas ma dernière aventure avec cet aventurier. C’est peut-être la fin d’une aventure, mais le début d’une longue série de nouvelles épopées avec Rémi.

Enfin… à toi d’en décider. On continue ce duo ? Dis le moi en commentaire !

Merci à Maureen Damman pour son aide à la redaction de cet article 😍

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